Déontologie
de la recherche en santé
Le code de déontologie de l’AEGSFM est basé sur celui
des organismes suivant : Conseil de recherche médicale du Canada
(CRM), Fonds pour la formation de chercheurs et l’aide à la recherche
(FCAR) et le Fonds de recherche en santé du Québec (FRSQ).
1. Principe général. Bien que la recherche en sciences
constitue un élément essentiel pour assurer le développement
de la société canadienne et internationale, l’AEGSFM reconnaît
que l’avancement et la promotion des sciences biomédicales ne doit
en aucun cas prévaloir sur le bien-être et l’intégrité
de l’individu, membre ou sujet, et de la communauté, scientifique
et civile.
2. Bien qu’il puisse arriver qu’une recherche donne lieu à une
erreur commise involontairement, à des données contradictoires
ou à des différences occasionnées par le choix de
paradigmes expérimentaux ou par l’interprétation personnelle
des résultats, l’AEGSFM souhaite promouvoir la responsabilisation
de ses membres en les incitant à respecter les principes suivants.
-
Les membres sont encouragés à démontrer la plus grande
rigueur dans la cueillette, l’enregistrement, l’analyse et l’interprétation
des données qu’ils manipulent. Il en est de même pour la communication
et la publication des résultats lors de congrès ou symposia.
-
Les membres sont encouragés à respecter les codes et les
lignes directrices en vigueur dans leur établissement de recherche
ainsi que celles découlants de l’avis rendu par le Comité
de déontologie ou Comité d’éthique local qui a autorisé
la réalisation de leur recherche. Les données récoltées
chez des sujets humains sont régis par des règles de confidentialité
et de protection des renseignements personnels tels que régis par
la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la
protection des renseignement personnels.
-
Les membres sont encouragés à reconnaître le travail
ou l’aide de tout collaborateur qu’il soit professeur, stagiaire, technicien
ou organisme financier. Si les noms des co-auteurs ne devraient comprendre
que les personnes directement impliquées dans toutes les étapes
de la recherche, les remerciements en fin de manuscrits (articles, mémoires,
thèses, résumés ou affiches) sont vivement suggérés.
-
Les membres sont encouragés à ne pas se servir de travaux
inédits sans l’autorisation de son ou ses auteur(s) en prenant soin
de citer leur origine. Si les travaux ont été publiés,
les idées empruntées aux autres chercheurs nécessitent
une mention de leurs noms et des références aux travaux originaux.
-
Les membres sont encouragés à communiquer et à publier
les résultats de leur recherche.
-
Les membres sont vivement encouragés à lire tous les documents
relatifs aux programmes de recherche ou ceux régissant l’utilisation
de leur bourse d’aide à la recherche octroyée par les organismes
financiers.
-
Les membres sont invités à consulter les documents relatifs
aux directives régissant la recherche biomédicale :
-
Recherche chez des sujets humains :
Code déontologique de la recherche utilisants des sujets humains,
Conseil de recherche en sciences humaines du Canada : Guide des candidats
(annexe H), 1993.
Lignes directrices concernant la recherche sur les sujets humains,
Conseil de recherche médicale du Canada, 2e édition,
1987.
-
Recherche animale
Manuel sur le soin et l’utilisation des animaux d’expérimentation,
Conseil canadien de protection des animaux.
Droits
d’auteurs des travaux de recherche...
Entre propriété intellectuelle,
probité intellectuelle et plagiat
Joël Monzée
Association des étudiants aux grades supérieurs
de la Faculté de médecine
Université de Montéal
Ce document est une synthèse d’une conférence donnée
par Joël Monzée dans le cadre du Congrès annuel du Club
de recherches cliniques du Québec (CRCQ) dans le cadre d’un atelier
de réflexion sur la propriété intellectuelle organisé
par le CRCQ et le Fond de recherche en santé du Québec (FRSQ),
au Château Montebello, le 16 octobre 1999.
Même s’il se base sur la législation québécoise
et la politique de l’Université de Montréal, ce document
ne figure, en aucun cas, un texte de loi, d’autant que des actions actuellement
défendues au civil pourraient remettre en cause ces informations.
Ainsi, ce document peut aider les stagiaires de recherche à mieux
comprendre les règles en matière de propriété
intellectuelle au sein de la Faculté de médecine de l’Université
de Montréal mais ne représente pas force de loi.
Contexte
Près de 80% des stagiaires
de recherche ignorent la politique en matière de propriété
intellectuelle (sondage rapporté par le Conseil national des cycles
supérieurs). Souvent, ce sujet
est considéré comme un tabou,
pire que le harcèlement sexuel, et cette situation s’aggrave lorsque
le stagiaire de recherche est jeune ou d’origine étrangère
(FAECUM). Le service d’aide juridique de la FAECUM rapporte que seul 1
cas de litige sur 10 est
déclaré et que beaucoup de stagiaires n’osent pas se questionner
publiquement sur leurs droits en matière de propriété
intellectuelle.
Or, le savoir devient la nouvelle
matière première de cette fin de siècle
car source de profits financiers directs mais aussi car source de contrôle
de la diffusion des connaissances. Et, cette situation s’emplifiera durant
les prochaines années. Par exemple, certaines sociétés
" écument " les monuments historiques et les grands musées
du monde en revendiquant la propriété des photos des oeuvres
d’art qu’elles prennent en exclusivité et dont elles contrôlent
l’utilisation publique (L’Actualité, 1999). Il en va de même
pour le génome humain dont certains laboratoires s’approprient les
droits en déposant leurs résultats sous le couvert de la
protection des droits d’auteur (copyrights).
Ainsi, si la fonction des universités
est de produire, transmettre, intégrer et utiliser les connaissances,
le savoir développé à l’Université pose de
nouveaux enjeux économiques, d’autant
plus que la population demande des retours directs sur leur qualité
de vie et que le Gouvernement invite entreprises et universités
à collaborer, tant pour le transfert des connaissances que pour
le refinancement des universités.
Définitions
La propriété intellectuelle, la probité intellectuelles
et le plagiat sont perçu de manière générale
comme relativement flous... Il est donc important d’essayer de clarifier
ces trois concepts.
En fait, la probité intellectuelle
concerne:
-
toute action qui vise à induire en erreur la communauté scientifique;
-
la fabrication, falsification ou suppression de résultats de recherche;
-
l’appropriation de connaissances comme siennes dans le cadre de l’évaluation
d’un pair;
-
l’utilisation de critères qui ne sont pas appropriés pour
la signature d’article ou l’octroi de fonds;
-
la non divulgation des conflits d’intérêt dans l’évaluation
de pairs, par exemple.
Par contre, on parlera de plagiat lors
de:
-
l’utilisation partielle ou totale d’un texte d’autrui en le faisant passer
pour sien;
-
recours à toute aide non-autorisée.
Finalement, et c’est ce thème qui est développé dans
ce document, la propriété intellectuelle
implique surtout la diffusion sur support
des résultats et des idées. L’élément important
de cette définition est bien la diffusion sur support et non l’idée
en elle-même...
La propriété
intellectuelle
La propriété intellectuelle
concerne principalement les brevets d’invention, les dessins industriels,
les secrets industriels, les circuits électroniques et les droits
d’auteur d’une idée diffusée sur un support tel qu’un article
ou un livre. Cependant, l’exercice des droits d’auteurs en milieu universitaire
est intimement lié à la probité intellectuelle et
au plagiat.
Le fait le plus important est que la législation
fait référence, en matière de propriété
intellectuelle et droits d’auteur, à l’expression
des idées et non à l’idée en elle-même.
Tant qu’une idée n’est pas diffusée sur support, elle appartient
à tous et à chacun...
Si la législation est très claire en ce qui concerne la
diffusion d’un livre avec un seul auteur, elle est moins claire pour la
réalité universitaire... Que faire dans le cas de collaboration
? Quelle est la place des directeurs de recherche, de l’Université
et de l’organisme financier ? La nature de l’organisme financier peut aussi
intervenir: est-ce une compagnie privée, comme une entreprise pharmaceutiques,
ou un organisme à but non lucratif, comme les organismes subventionneurs.
Et à qui appartient un article et une thèse ? À qui
appartiennent les résultats ?
Propriété
intellectuelle des thèses et mémoires
Propriété
intellectuelle des données et les résultats
Cas: des étudiants collaborent
à la récolte des données expérimentales ou
un étudiant quitte le laboratoire et veut emporter ses données...
Techniquement, les données brutes
appartiennent au lieux de recherche, soit à l’Université
et au directeur(s) de recherche. Par contre, les données
traitées appartiennent à celui qui les traitent,
soit, généralement, au stagiaire de recherche. Un directeur
de laboratoire ou un collègue qui présente, même partiellement,
vos résultats doit mentionner le nom des stagiaires de recherche
qui ont participer à l’analyse de ceux-ci.
Cependant, rien n’empêche que le directeur puisse réanalyser
et réinterprêter ces données, voire de les publier
seul si toutes les analyses de l’article ont été effectuées
par lui-même, l’un des membres du personnel du laboratoire (technicien,
etc.) ou un autre stagiaire de recherche.
Propriété
intellectuelle des auteurs sur l’article
Cas: un stagiaire de recherche se voit
"demander" d’inclure plusieurs co-auteurs
Techniquement, l’article appartient
aux coauteurs qui doivent être cités lorsque l’on
rapporte leurs idées. La politique de l’Université
de Montréal insiste sur le fait que seuls
seront auteurs les personnes qui auront significativement et directement
aidé à diffuser l’expression des idées.
Donc, chaque personne participant à la rédaction de l’article
est auteur. Cela concerne généralement le(s) stagiaire(s)
de recherche responsable(s) du projet, le(s) directeur(s) de recherche
et, occasionnellement, le(s) collaborateur(s) direct(s) participant à
l’expression des idées pour la diffusion des résultats et
la rédaction de l’article.
Par contre, et cela concerne souvent la recherche en milieu hospitalier,
un responsable de local, d’appareillage ou de centre de recherche ne devrait
pas être considéré comme auteur, sauf s’il participe
de manière significative à la rédaction des idées
contenues dans cet article. Dans le cas contraire, il peut être à
l’origine d’une faute tant au niveau de la propriété intellectuelle
qu’au niveau de la probité intellectuelle et du plagiat.
Ainsi, une mise en garde concernera l’investissement personnel du stagiaire
de recherche pour garder ses droits en matière de propriété
intellectuelles: écrivez vos articles!
Cas : un stagiaire
de recherche publie sans avertir son directeur ou les co-auteurs
Techniquement, les données traitées appartiennent au
stagiaire de recherche et rien ne devrait l’en empêcher. Cela dit,
le travail en collaboration avec un directeur
de recherche implique des échanges d’idées, des pistes pour
l’analyse et l’utilisation des résultats qui donnent droit, plein
droit, au directeur de recherche d’être considéré comme
coauteur.
Aussi, le nom du (des) directeur(s) de recherche devraient être
mentionnés sinon le stagiaire de recherche engendrera un problème
de propriété et de probité intellectuelles. Le problème
reste tout aussi grave si le stagiaire de recherche publie avec le nom
des coauteurs sans les avertir car ils ne pourront pas jouir non plus de
leurs droits en matière de propriété intellectuelle
et de probité intellectuelle...
Que faire si litige
?
Les organismes financiers (les 3 Conseils, le FRSQ, etc.) et la Conférence
des recteurs et des principaux des universités du Québec
(CREPUQ) ont rédigés des consignes très claires pour
régler les cas de litige. C’est le directeur
de recherche qui est le garant
des droits du stagiaire de recherche et le mot d’ordre est COMMUNICATION.
Cependant, certains stagiaires pourraient se retrouver dans une situation
conflictuelle avec leur directeur de recherche. Dans ce cas, une médiation
doit être envisagée. D’abord, la médiation implique
un traitement confidentiel du dossier.
D’une part, toute allégation peut causer du tort au stagiaire, au
directeur de recherche, au centre de recherche, à l’université
et aux organismes financiers. D’autre part, il s’agit également
de tout faire pour protéger la vie personnelle tant du " plaignant
" que de la personne " incriminée " mais aussi des " témoins
".
Cas: un stagiaire se sent lésé
dans l’utilisation des droits d’un article
Techniquement, une médiation
doit être mise en place afin de favoriser le dialogue avec le directeur
de recherche. La première démarche serait de rencontrer et
de demander une médiation à son codirecteur ou son comité
de parrainage. Si cela semble impossible ou que la situation n’évolue
pas, le Directeur du Programme ou du Département sont mandatés
pour officier comme médiateurs. Ultimement, le Vice-doyen (Recherche
& Études supérieures) de la Faculté ou l’Ombusman
de l’Université peuvent aider le stagiaire de recherche.
À noter également que la FAECUM offre un service d’aide
et de conseil en matière juridique. Ce service est offert gratuitement
par une personne compétente et peut aider le stagiaire de recherche
à déceler la meilleure stratégie pour améliorer
le dialogue avec son directeur.
Finalement, il serait tentant pour un stagiaire de recourir aux services
d’un avocat. Cependant, cette solution ne devrait être envisagée
qu’en cas de conflit majeur où aucun médiateur n’aurait pu
aplanir la situation et trouver une entente avec le stagiaire et le directeur
de recherche ou l’institution.
Quelques repères
Le cas le plus simple, même en cas de thèse par article.
La thèse appartient au stagiaire
de recherche.
Les coauteurs d’un article sont
ceux qui ont contribué de manière déterminante, décisive
ou assignable, à l’expression des résultats.
La diffusion orale ou écrite
des résultats d’un laboratoire doit comporter la mention des coauteurs
donc des stagiaires et directeurs de recherche.
Les réponses aux questions
d’examen ou travaux effectués
pour la réussite d’un cours appartiennent à l’étudiant
et il peut en obtenir une copie si l’original doit être conservé
comme preuve de la réalisation des exigences du cours.
Les données traitées
appartiennent à celui qui les traite; les brutes,
à l’Université et au laboratoire.
Les diapositives appartiennent à
l’Université si elles y sont confectionnées.
Enjeux futurs
Même si la Politique de l’Université de Montréal
définit "qui" peut être
coauteur d’un article, il semble que cette définition ne soit pas
assez rigoureuse ou que certains chercheurs soient moins sensibles à
cette politique. Pourtant, il s’agit de protéger le stagiaire de
recherche mais également le chercheur junior ou sénior et
l’organisme financier qui doit évaluer les dossiers des stagiaires
et des chercheurs.
Un autre enjeux concerne la définition des droits de propriété
intellectuelle dans le contexte des relations
université-entreprise... L’entreprise ne devrait en aucun
cas limiter la diffusion des résultats puisque la publication est,
malheureusement, encore le critère principal pour l’avancement ou
l’octroi de bourses et fonds de recherche.
Finalement, il est urgent de créer des lieux de sensibilisation
des acteurs, tant des responsables que les directeurs et stagiaires de
recherche. Beaucoup de problèmes seraient évités si
ces acteurs connaissaient les règles, les appliquaient et en communiquaient
leurs contenus à leurs collaborateurs.