Formation et carrière de recherche
2. Pourquoi parler de chercheur-étudiant plutôt que d’étudiant de 2e et 3e cycle?
4. Mémoires aux ministres
F. Legault (MEQ et SQJ) et J. Rochon (MRST)
4.1 Contexte
4.2 Mémoires (3)
5. Mémoires à la
Commission Clair (MSSS)
5.1 Contexte
5.2 Mémoires (2)
6. Évaluation du
FRSQ
6.1 Contexte
6.2 Transcriptions de l’évaluation présentée
7. PUBLICATION : Recherche en santé: enjeux et perspectives
D’après les statistiques de l’Université de Montréal, la durée d’une maîtrise de recherche est de 2,6 années et la durée d’un doctorat de recherche est de 4,6 années en sciences biomédicales, et ce après un 1er cycle de 3 à 4 ans. Mais, la recherche biomédicale demande un tel niveau de compétence que les stagiaires de recherche passent près de 3 à 5 ans après leur doctorat pour compléter une formation dite " post-doctorale " ou de " 4e cycle universitaire ". Cette formation post-doctorale se fait généralement à l’étranger pour un stagiaire formé au Québec (afin de ramener une expertise et enrichir de nouvelles perspectives son milieu d’accueil) ou au Québec pour des stagiaires étrangers (qui partagent alors l’expertise développée ailleurs durant leur formation doctorale). Cette hyper-spécialisation est une requête tant des universités que des entreprises pharmaceutiques ou des entreprises impliquées dans la recherche biomédicale. Ainsi, les stagiaires de recherche investissent près de 13,2 à 16,2 années après leurs études collégiales (qui sanctionne déjà 13 années de formation générale) pour développer une compétence qui leur assure une reconnaissance mondiale.
Cette situation est nouvelle. Si il y a quelques années, les jeunes chercheurs terminaient leur formation vers 25-26 ans, il n’en est plus rien. Actuellement, plus de 61 % des chercheurs-étudiants ont plus de 25 ans et 19 % plus de 33 ans (CNCS, 1999). Malheureusement, les normes de la société n’ont pas fait évolué et les textes de loi relatifs aux conditions socioéconomiques ne prennent pas en compte le fait que le jeunes chercheurs vivent sous le seuil de pauvreté (SFR-RAI, Statistique Canada) dans plus de 75 % des cas, alors qu’ils accomplissent une large part du travail de recherche dans les laboratoires.
En effet, d’une part, un grand nombre d’avantages liés au statut d’étudiant ont disparu lorsque le chercheur-étudiant, atteint ses 25 ans et le soutien financier accordé les laisse dans une situation très précaire et sans aucune comparaison avec celles que vivent les personnes qui sont allées sur le marché du travail dès la fin du baccalauréat. D’autre part, actuellement, aucun texte de loi ne reconnaît également l’implication professionnelle demandée à ces stagiaires alors que cette reconnaissance pourrait leur accorder le droit, par exemple, de cotiser à une assurance collective, accéder à l’assurance parentale ou emploi afin d’améliorer leurs conditions de vie socio-économiques.
Une telle reconnaissance existe, pourtant, au niveau des médecins résidents qui sont reconnus, à la fois, comme étudiants puisqu’ils reçoivent une formation professionnelle et comme travailleurs, protégés par une convention collective. Pourtant, aucune loi ne définit exactement leur double statut. Ce sont, plutôt, des aménagements au cœur des lois générales qui leur accorde ce double statut. Ainsi, l’AEGSFM, avec l’aide de Force Jeunesse et de l’Association des médecins résidents de Montréal, cherche a faire reconnaître le double statut des stagiaires de recherche de 2e, 3e et 4e cycles universitaires dans le but d’améliorer les conditions de vie des jeunes chercheurs pour qu’ils puissent également développer leur vie d’homme et de femme et s’intégrer dans la société québécoise.
Ensuite, une grosse part des difficultés d’ordre pédagogique que vivent les chercheurs-étudiants est conséquente de l’instabilité que vivent les chercheurs-juniors. En effet, l’absence de plan de carrière pose à la fois des problèmes de motivation pour continuer sa formation (ce sont les jeunes femmes qui souffrent le plus de cette situation) et la pression mise sur les épaules des jeunes professeurs se reporte automatiquement sur l’encadrement qu’ils offrent aux chercheurs-étudiants de leur laboratoire.
Pour améliorer la situation des jeunes chercheurs, tant des chercheurs-étudiants que des chercheurs juniors, l’AEGSFM s’est associée à Force Jeunesse et à l’AEGSDB. Après avoir soumis plusieurs mémoires aux ministres de la Recherche, de la Science et de la Technologie (MRST) et de l’Éducation et de la jeunesse (MEQ) à l’occasion de la consultation publique entourant la nouvelle Politique scientifique (août-septembre 200), la Politique des université (novembre 1999) et du Sommet du Québec et de la jeunesse (février 2000), l’AEGSFM, l’AEGSDB et Force Jeunesse ont publié en janvier 2001 une vaste enquête et une analyse des enjeux et des perspectives de la recherche en santé au Québec.
2. Pourquoi parler de chercheur-étudiant plutôt que d’étudiant de 2e et 3e cycles ?
Le rôle du chercheur-étudiant, communément appelé étudiant de 2e ou 3e cycle ou stagiaire post-doctoral, en milieu de recherche biomédicale est généralement méconnu. Tout d’abord, les directeurs de recherche rédigent des projets que des techniciens et des chercheurs-étudiants réalisent concrètement dans les laboratoires de recherche. Dans la grande majorité des cas, les directeurs de recherche sont principalement occupés par des tâches administratives, d'enseignement, de rédaction de projets en vue des prochains concours d’octroi de subvention ou de supervision globale des projets de recherche de leur laboratoire. Ainsi, la recherche en elle-même et la formation des plus jeunes, nouvellement arrivés dans les laboratoires, incombent souvent aux chercheurs-étudiants qui sont intimement liés à la production et la diffusion de la recherche du milieu d’accueil.
De plus, il faut bien comprendre que le métier de chercheur passe par une formation par étude de matières et techniques à la fine pointe de la technologie, mais surtout par un mimétisme avec le milieu. C’est en travaillant dans le laboratoire qu’un étudiant devient chercheur, devient autonome, collabore de plus en plus avec ses collègues et son directeur de recherche. Certes. Il y a un encadrement qui s’opère, mais le contenu de la formation passe par la réalisation des projets de recherche et l’obtention de résultats qui seront diffusés au sein de la communauté scientifique par la participation à des congrès internationaux et l’écriture d’article. La véritable charnière entre un rôle d’étudiant ou de jeune chercheur s’opère souvent entre la maîtrise et le doctorat, où l’obtention du diplôme de maîtrise apparaît comme le premier document qui atteste des compétences en recherche. Ensuite, le degré d’autonomie s’accroît et le jeune chercheur apparaît au fil du temps plus comme un collaborateur qu’un étudiant.
Une autre fausse réalité est le statut de " rédaction de thèse " qui ne correspond jamais plus que deux mois (sur 7,2 ans) à la réalité du chercheur-étudiant. Avec le système des " thèses par article ", seules une succincte introduction et une discussion générale encadrent les articles écrits pour fin de publication dans de grands journaux scientifiques internationaux (seule évaluation des compétences après la réussite de 6 à 8 crédits de cours). Un chercheur-étudiant ne ressemble donc pas à la vision que le grand public perçoit. Le chercheur-étudiant en sciences biomédicales n’est ni un étudiant assis passivement dans une salle de cours et présentant régulièrement des examens, ni un étudiant en rédaction de thèse au sens où les autres formations de 2e et 3e cycles des autres secteurs de formation universitaire qui rédigent leur thèse dans un contexte fort différent de celui du secteur santé. Par conséquent, il est grand temps de reconnaître la double réalité des chercheurs-étudiants afin de limiter la précarité financière dans laquelle ils vivent parfois jusqu’à l’âge de 35 ans...
La recherche en milieu universitaire offre une vitrine et une renommée internationales au Québec, permet l’augmentation de la qualité de la formation de ses étudiants qui favorise l’accroissement des compétences de sa main d’œuvre et attire des entreprises pour s’installer au Québec. La concentration des financements et des localisations des entreprises nécessite que le Québec offre un cadre rationnel mais adéquat aux universités qui valorisent la recherche comme pole de développement et d’enseignement de qualité. La conjoncture actuelle est à un point critique qui déterminera l’avenir économique des différentes régions nord-américaines voire mondiales. Si le Québec veut rester maître de son avenir en recherche biomédicale, il est vital que la nouvelle Politique des universités reconnaisse la valeur de sa recherche en milieu universitaire et relève les défis des enjeux internationaux qui stimulent la situation des centres de recherche universitaires.
La recherche en milieu universitaire pose des enjeux que le Québec se doit de relever. Les années 1960 ont vu jaillir une richesse et un patrimoine, jusque là peu connus au sein des universités québécoises. Si le Québec veut relever les défis qui se présentent dans les universités et leur permettre de concurrencer des villes comme Boston et Toronto, le Gouvernement québécois devra s’impliquer directement dans la politique qui encadre la recherche en milieu universitaire et offrir des moyens pour promouvoir et améliorer les situations logistiques et financières des universités, des chercheurs et des stagiaires de recherche.
L’amélioration du financement de la recherche en santé est donc primordial pour le Québec. L’accroissement des connaissances dans le domaine de la santé permet d’améliorer, à court, moyen et long termes, la santé des Québécois en améliorant la qualité des soins, la formation des médecins et du personnel paramédical ainsi qu’en consolidant le développement de nouvelles voies pouvant conduire à de meilleurs traitements pharmaceutiques et prises en charge cliniques. La recherche biomédicale permet également une croissance économique, que ce soit en créant des liens avec les entreprises installées au Québec ou dans la génération d’un bassin de main-d’œuvre qualifiée qui maintient ou attire ces entreprises. Finalement, la recherche universitaire en santé forme la relève de ces pionniers qui ont permis au Québec de se démarquer et d’établir mondialement la réputation de ses chercheurs. À l’instar du développement de l’industrie automobile en Ontario, le Québec a choisi de faire de la recherche biomédicale l’un de ses secteurs de développement socioéconomique prioritaires. Pour réaliser cet objectif, il faut disposer d’un grand nombre de chercheurs qui attirent les entreprises pharmaceutiques au Québec et qui génèrent nombre d’innovations issues de la recherche en milieu universitaire.
Pour améliorer le transfert technologique, de nouveaux partenariats ont vu le jour. Premièrement, plus de 70 % de la recherche en santé se fait dans les hôpitaux affiliés aux universités. Ce partenariat hôpital / université est essentiel pour, d’une part, la formation du personnel médical et paramédical ainsi que celle de la relève scientifique et, d’autre part, la recherche en santé et sa diffusion au sein des établissements hospitaliers pour améliorer la qualité des soins. Cependant, la double mission des hôpitaux affiliés, dont principalement les centres hospitaliers universitaires, a généré plusieurs problèmes inhérents à ce partenariat spécifique. Des problèmes d’ordre structurel, financier et logistique minent la qualité de la recherche effectuée en santé. Deuxièmement, le transfert des connaissances peut parfois passer par la commercialisation de l’innovation et certaines recherches ne peuvent être effectuées en milieu privé. Dès lors, un nouveau type de partenariat entreprise / université voit le jour, renforcé par nombre de mesures de la prochaine Politique scientifique du Québec. C’est un véritable changement de paradigme qui secoue le milieu de la recherche universitaire, surtout dans le domaine biomédical. Cette évolution de la recherche en santé modifie l’organisation des centres de recherche en santé, les enjeux de cette recherche et la formation de la relève scientifique.
Dans les années soixante, les jeunes chercheurs, munis d’une solide formation, intégraient les université avant la trentaine s’ils se destinaient à la recherche en milieu universitaire. Actuellement, la recherche à la fine pointe de la technologie a nécessité un accroissement de la durée de la formation de la relève scientifique. Durant leur formation universitaire qui dure, maintenant, de 12 à 15 ans, les chercheurs-étudiants travaillent dans les laboratoires avec leur directeur de recherche. Ils participent à l’élaboration des protocoles de recherche et à la diffusion des résultats, voire à l’incubation de petites entreprises sur le sol de l’université. Différentes recommandations proposent des pistes d’amélioration de la formation de la relève scientifique, qu’elle suive sa formation dans le milieu universitaire, hospitalier ou privé.
L’implication concrète des chercheurs-étudiants dans le développement des laboratoires de recherche en santé participe grandement au rayonnement de l’université. Pourtant, ces jeunes chercheurs vivent dans une précarité socioéconomique désastreuse: 75 % des chercheurs-étudiants en santé vivent sous le seuil de pauvreté; ils ne disposent pas d’assurance collective; ils ne peuvent bénéficier ni de l’assurance-emploi, ni de l’assurance parentale; etc. La situation se prolonge jusqu’à l’âge de 32 à 35 ans puisque les jeunes chercheurs en santé doivent effectuer plusieurs années de stage postdoctoral avant d’être recrutés par une entreprise ou une université. Pire, une fois que les jeunes chercheurs sont recrutés par un département ou un centre hospitalier, leur situation de précarité se transforme en situation d’instabilité puisque les jeunes chercheurs ne peuvent disposer d’une permanence qu’au plutôt vers le début de leur quarantaine, voire n’en disposeront jamais tout au long de leur carrière.
Cette situation de précarité ou d’instabilité limite la réussite de leur formation et, lorsqu’ils sont recrutés, le développement de leur laboratoire (et donc de la formation de leurs étudiants), mais également la création d’une famille et leur implication sociale. Il est regrettable qu'un secteur d'avenir, comme la recherche en santé, n'offre pas de meilleures conditions de travail et de vie aux jeunes chercheurs. En outre, les jeunes chercheurs ne disposent d’aucun plan de carrière s’ils choisissent la carrière de recherche en milieu universitaire et la situation de précarité ou d’instabilité se poursuit au-delà des 40 ans. En effet, les difficultés financières des universités associées à l’accroissement du nombre de chercheurs dans le domaine de la santé ont rendu très instable le plan de carrière des jeunes chercheurs. Les chercheurs-étudiants vivent le stress de leurs " patrons " de recherche, ils se découragent et, parfois, ils abandonnent leur vocation de chercheur. Et, dans la situation actuelle, ce sont les jeunes femmes qui en sont les plus touchées, car la carrière de chercheur en santé doit se faire régulièrement à l’encontre d’une vie familiale sereine.
Le Québec peut se démarquer de ses compétiteurs s'il fait le pari de soutenir ces jeunes chercheurs et de combattre l'instabilité qu'ils vivent. De plus, si le Québec désire consolider les acquis des trente dernières années dans le domaine de la recherche biomédicale, il est important de permettre à la relève de disposer d’une certaine tranquillité d’esprit et d’un soutien social adapté afin que les jeunes chercheurs puissent se consacrer entièrement à leur passion de la recherche. Il est donc fortement recommandé d’améliorer la situation socioéconomique de la relève scientifique, tant sur le plan professionnel que sur celui plus personnel, en lui permettant, entre autres, d’avoir accès au filet social québécois et de disposer de plans de carrière qui permettent véritablement la stabilisation des équipes de recherche.
Les universités et les centres hospitaliers impliqués dans la recherche et la formation universitaires doivent pouvoir disposer de budgets spécifiques, clairement établis, qui leur permettent de remplir la mission que les différents ministères leur ont confiée. La création d’instituts de recherche en santé qui seraient associés aux universités semble un moyen intéressant pour stabiliser et consolider, voire développer, la recherche en santé au Québec. Le gouvernement québécois ayant fait de la recherche en santé l’une de ses priorités pour le développement socioéconomique du Québec se doit d’apporter des solutions structurantes qui stabiliseront les équipes de recherche installées dans les centres de recherche hospitaliers. Il est, entre autres, recommandé que le budget du FRSQ soit doublé le plus rapidement possible sous peine de voir les efforts du Québec se réduire à néant. Ensuite, dans la perspectives des nouveaux partenariats liant les universités, les hôpitaux et les entreprises privées, il faudra aussi clarifier les règles des liens entre ces différents partenaires.
Enfin, l’AEGSFM recommande la création d’une loi
québécoise définissant les balises de la recherche
biomédicale et de l’utilisation des résultats. Il faut que
les citoyens se prononcent sur les limites qu’ils veulent mettre à
la recherche en santé. Peut-on faire du clonage humain ? Peut-on
utiliser l’embryon humain comme matrice pour créer des organes de
rechange ? Peut-on exploiter les OGM en toute impunité ? Accepte-t-on
qu’une société d’assurance puisse utiliser le code génétique
d’un client pour définir sa prime, comme c’est le cas en Angleterre
? Accepte-t-on que les employeurs réclament le dossier médical
avant d’embaucher un employé, comme c’est déjà le
cas dans 25 % des cas aux États-Unis (É.-U.) ? Pour débattre
de ces problématiques et aider le législateur à statuer
sur ces questions éthiques, un conseil consultatif arrimé
avec des consultations parlementaires pourrait être créé
afin d’écouter la population, les chercheurs, les juristes et les
éthiciens afin de proposer des pistes au gouvernement, comme c’est
le cas en Belgique et en France. Pour finir, ce document recommande la
création d’un Ordre professionnel des chercheurs en santé
pour affirmer les règles éthiques en matière de recherche
et protéger les citoyens des conséquences de la recherche
en santé.
4. Mémoires
aux ministres F. Legault (MEQ et SQJ) et J. Rochon (MRST)
En février 1999, les étudiants en rédaction de thèse des plus grandes universités québécoises se sont vus imposer une majoration substantielle de leur frais de rédaction. Cette situation a été très mal vécue par tous les étudiants de maîtrise et de doctorat, mais plus encore par les secteur de recherche en santé à cause de la réalité concrète de leur implication dans les laboratoires (voir point 2). Ce conflit avec la direction des universités a encouragé une vingtaine de chercheurs-étudiants, dont l’exécutif de l’AEGSFM, à chercher à améliorer les conditions socioéconomique des jeunes chercheurs en s’impliquant dans la politique québécoise comme lobby cherchant à promouvoir les conditions de vie des jeunes chercheurs.
Dans un premier temps, un premier mémoire a été rédigé par l’AEGSFM en réaction à la Politique des universités soumise à la consultation des interlocuteurs universitaires et économiques du Québec par monsieur F. Legault, ministre d’État à l’Éducation et à la Jeunesse (MEQ) en novembre 1999. Ce document était le premier document qui servi de discussion avec le ministre François Legault qui fut rencontré à deux reprises avec l’aide de la FAECUM et de Force jeunesse. Il fut également un document de travail avec lequel la direction de la Faculté de médecine et de l’Université de Montréal (MM Alain Caillé, Michel Trahan et Jacques Gravel, respectivement vice-recteurs à la recherche, exécutif et exécutif-adjoint aux ressources humaines).
Grâce à Force Jeunesse, organisation qui regroupe 13 associations membres dont l’AEGSFM, les jeunes médecins et infirmières du Québec ainsi que les étudiants de 2e et 3e cycle de l’Université Laval, l’AEGSFM a aussi été invitée au processus de consultation entourant la préparation du Sommet du Québec et de la Jeunesse (SQJ). Cette préparation était organisée par le Conseil de développement de l’île de Montréal et plusieurs journées de rencontres avec les différents groupes jeunes de l’Île de Montréal ont été organisées. Le problème majeur qui fut rencontré était un double. D’abord, comme les chercheurs-étudiants font des études universitaires à un haut niveau, la perception des organisateurs et d’un large nombre de participants tendait à ignorer les difficultés et la réalité de la situation de la formation en recherche. D’autre part, le processus de consultation semblait privilégier, à raison, la création de mesures larges et structurantes dans lesquelles il semblait difficile d’intégrer des considérations qui amélioreraient concrètement la réalité socioéconomique des chercheurs-étudiants.
Par conséquent, un second mémoire a été rédigé par une petite équipe de l’AEGSFM et l ‘aide de membres de l’AEGSDB (biochimie) qui tenait compte à la fois des réactions des différents interlocuteurs rencontrés (MEQ, Université de Montréal, etc.) et de la poursuite de la réflexion entamée depuis quelques mois par l’équipe de rédaction… Ce mémoire à été une nouvelle fois adressé au ministre F. Legault qui était en charge de l’organisation du SQJ. Dans le même temps, ce second mémoire a été envoyé à monsieur Jean Rochon, ministre de la Recherche, de la Science et de la Technologie ainsi qu’à Sonia Lupien, chercheure-boursière et professeure-chercheure de la Faculté qui était invitée par le premier ministre Lucien Bouchard à participer au SQJ parmi les cinq " jeunes assurant la relève du Québec ".
Pour la première fois, lors du processus de consultation pour comprendre les problèmes de la jeunesse québécoise, la condition des jeunes chercheurs allait être mise sur la table puisque Dre Sonia Lupien et Dr Jean Rochon, repris par le chef de l’opposion, monsieur Jean Charest, ont pris le micro durant le SQJ (février 2000) pour dénoncer la situation précaire dans laquelle la relève scientifique était contrainte de se développer, alors qu’elle doit assurer tout l’héritage des pionniers scientifiques du Québec. Cette " petite victoire " peut paraître anodine, mais elle fut pour le petit groupe de rédacteur des mémoires une véritable bouffée d’oxygène récompensant les efforts accompli depuis 1 an pour faire reconnaître la réalité des jeunes chercheurs en santé…
Dans les semaines qui suivirent le SQJ, monsieur le ministre J. Rochon et Dr Michel A. Bureau, Président du FRSQ, ont été rencontré afin de leur présenter le second mémoire et écouter leurs questions. Suite à ces rencontres, l’équipe de rédaction et de recherche s’est agrandie… Une large enquête auprès de chercheurs, juniors et seniors, ainsi que de chercheurs-étudiants a été réalisée pour cerner l’ensemble des situations particulières et générales entourant la formation et la carrière de chercheur en santé. Un troisième mémoire a été rédigé et déposé lors de la consultation publique entourant la nouvelle Politique scientifique que rédige le ministère de la Recherche, de la Science et de la Technologie (MRST) par l’AEGSFM, l’AEGSDB et Force Jeunesse.
Dans le courant de l’automne 2000, une commission sociopolitique a été créée. Elle rassemble l’équipe de rédaction et invite d’autres membres de l’AEGSFM, l’AEGSDB et Force Jeunesse ainsi que d’autres associations regroupant de jeunes chercheurs pour continuer les démarches visant l’amélioration des conditions de vie et de travail de la relève scientifique en santé. Des contacts avec les différents ministères impliqués et fonds de recherche, tant au provincial qu’au fédéral, sont programmées.
Enfin, le 27 janvier 2001, à l’occasion du 20e congrès annuel de l’AEGSFM (2e congrès annuel des stagiaires de recherche de la Faculté de médecine), l’équipe de rédaction des mémoires a lancé la publication d’un document de synthèse de leur enquête… Recherche en santé : enjeux et perspectives, publié par l’AEGSFM, est disponible gratuitement sur ce site .
Le système de santé a connu ces dernières années des coupures budgétaires conséquentes. Dans le même temps, la population vieillit, les moyens pour guérir les patients sont de plus en plus coûteux et les chercheurs, comme les professionnels de la santé, demandent plus de moyens pour améliorer leurs conditions de travail et de vie…
Madame Pauline Maroie, ministre de la Santé et des Services sociaux (MSSS)a convié des groupes nationaux à présenter des solutions structurantes à une commission d’experts pour se pencher sur les différentes perspectives à envisager pour améliorer l’organisation et le financement des services de santé du Québec. La Commission d’étude sur les services de santé et les services sociaux a convié les groupes de professionnels et de bénéficiaires, ainsi que les universités, les hôpitaux, etc., à une consultation portant sur les enjeux auxquels fait face le système public de santé et des services sociaux ainsi que sur les avenues de solutions. Plus spécifiquement, elle demande aux groupes invités à concentrer leurs efforts à la recherche de solutions aux défis financiers et organisationnels de notre réseau.
L’AEGSFM a été active sur trois fronts pour cette commission. D’une part, un avis, résumé du mémoire déposé au MRST, a été déposé à la commission. Cet avis était orienté sur les enjeux spécifiques entourant les centres de recherche en milieu hospitaliers et les défis de la recherche en santé ainsi que sur les relations industries-hôpitaux et l’Éthique de la recherche. Si l’AEGSFM n’a pas été invitée à se présenter directement à la commission Clair, les membres de la commission ont eu accès à l’avis et au mémoire déposé au MRST pour la consultation pour la future Politique scientifique. Par contre, un résumé de l’avis est disponible sur le site de la commission et sera annexé au rapport final rendu par la commission à la madame P. Maroie.
En second, l’AEGSFM a collaboré avec la FAECUM (mémoire déposé à la commission par la FEUQ). Cependant, l’AEGSFM s’est surtout impliquée avec l’Association des jeunes médecins du Québec et le Comité Jeunesse de l’Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec pour rédiger sous l’égide de Force Jeunesse un mémoire posant les enjeux et les perspectives du système de santé. Il est a signaler que ces mémoires, présenté à la commission Clair par Force Jeunesse et la FEUQ, étaient les seuls qui furent rédigés par des personnes provenant de plusieurs corporations ou professionnels de la santé; tous les autres intervenant défendaient une seule approche. Les résumés sont aussi disponibles sur le site de la commission et annexé au rapport final.
Les recommandations de Force Jeunesse visent l’amélioration du fonctionnement et du financement des services sociaux et des services de santé au Québec. Elles ne constituent pas une liste exhaustive mais bien des éléments de solution afin de surmonter les défis présents et futurs que nous réserve notre système de services et de soins. Il est toujours utile de se rappeler que les tentatives de réforme du système de santé et des services sociaux ont pour objectif fondamental l’amélioration de la santé et du bien-être des citoyennes et citoyens. Une participation accrue des personnes et des groupes œuvrant à atteindre cet objectif est clairement nécessaire. Les déchirements, les rivalités, la morosité et parfois même le nombrilisme de certains acteurs n’aident en rien aux changements bénéfiques tant recherchés. Les tensions actuelles, tant dans l’organisation que le financement des services de santé et des services sociaux, mettent en péril ce que nous avons construit depuis près de 30 ans.
6.2 Transcription de l’avis présenté par l’AEGSFM et l’AEGSDB
Durant l’automne 2000, le Fonds de la recherche en santé du Québec (FRSQ ) a procédé pour la première fois de son histoire (20 ans) d’effectuer une évaluation approfondie des services et du financement qu’il offre aux chercheurs en santé du Québec ainsi que l’organisation du support qui structure les équipes et les centres de recherche.
Plusieurs membres de l’exécutif de l’AEGSFM ont été invité par Dr Michel A. Bureau, Président du FRSQ, a rencontrer les membres du comité d’évaluation externe. Ces membres sont des chercheurs dûment reconnus et qui exercent leurs recherches et responsabilités en France, au Canada (hors Québec) et aux Etats-Unis.
Les documents disponibles ci-dessous sont, d’une part, la retranscription de la présentation effectuée par la délégation de l’AEGSFM et, d’autre part, le rapport remis par le comité d’experts chargé de l’évaluation externe du FRSQ.
6.2 Transcription
de l’avis présenté par l’AEGSFM et l’AEGSDB
Depuis quelques années, le contexte de la recherche en santé est en train de changer profondément au Canada. Les problèmes de sous-financement fédéral de la recherche biomédicale durant les années quatre-vingt-dix, le phénomène d’exode des cerveaux, la création du ministère de la Recherche, de la Science et de la Technologie (MRST), la nouvelle politique des universités, la transformation du Conseil de recherche médicale du Canada au profit des Instituts de recherche en santé du Canada, les relations de plus en plus étroites avec les industries, l’incubation d’entreprises à l’intérieur des murs des universités, etc., sont autant de situations qui ont généré un grand nombre de discussions et de réflexions sur les enjeux et perspectives en recherche biomédicale au Québec. Durant l’été 2000, le MRST a proposé une consultation publique afin de doter le Québec d’une nouvelle politique scientifique qui réactualise les conclusions du Livre blanc de 1980 et de la première politique scientifique de 1982. De plus, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a créé durant l’automne 2000 une commission d’étude sur le financement des services de santé et des services sociaux du Québec, la commission Clair, qui analyse le système de santé au Québec et proposera prochainement des pistes de consolidation et d’amélioration des services de santé.
Les auteurs de ce rapport ont donc voulu décrire les difficultés et les inquiétudes que les jeunes chercheurs en santé vivent quotidiennement et ont voulu proposer des recommandations pour consolider la recherche en santé. Parmi les enjeux ciblés, il y a ceux de la précarité et de l’instabilité socioéconomique qui viennent compromettre le cheminement de carrière, déjà si exigeant, des jeunes chercheurs en santé. Certes, de récentes mesures ont été proposées lors du dernier budget du gouvernement provincial, mais elles n’ont résolu qu’une petite partie des problèmes que vivent quotidiennement les chercheurs-étudiants. Parmi les problèmes majeurs, il y a la difficulté de démarrer leur carrière de recherche et l’instabilité dans laquelle les chercheurs-juniors sont maintenus durant 10 à 15 ans après la fin de leur formation de recherche. Or, ces jeunes chercheurs, étudiants et juniors, représentent une relève primordiale pour l’avenir du Québec. Pourtant, ils sont dans une telle situation de précarité qu’un grand nombre de ces jeunes chercheurs se découragent, abandonnent leurs études et leur vocation de faire de la recherche à haut niveau ou partent exercer leur passion dans d’autres pays.
Trois versions antérieures de ce document ont été proposées dans le cadre de la consultation pour une Politique des universités (novembre 1999), du Sommet du Québec et de la jeunesse (février 2000) et de la Politique scientifique (août 2000). Cette dernière versions reflète l’état de réflexions des auteurs après plusieurs mois d’enquête, d’analyse et de rencontres établies avec le MRST, le MEQ, le FRSQ, les responsables de l’Université de Montréal et d’autres associations étudiantes en santé ainsi qu’avec le CNCS. Cette troisième version offre une synthèse du contexte de la formation et de la carrière en recherche en santé dans les cadres universitaires et hospitaliers au Québec. Finalement, monsieur Jean Rochon, ministre de la Recherche, de la Science et de la Technologie a accepté de rédiger la préface de ce document qui est diffusé à travers le Québec par une publication rendue possible grâce à plusieurs généreux commanditaires.
Rédigé en 2000; première édition,
27 janvier 2001.
Publié par l'AEGSFMUM, l'AEGSDBUM et Force Jeunesse
Ó Association des étudiants
aux grades supérieurs de la Faculté de médecine de
l’Université de Montréal.
ISBN: 2 – 98070109 – 0 - 4
Dépôt légal : 1er trimestre
2001
Dépôt légal - Bibliothèque
nationale du Québec, janvier 2001
Dépôt légal - Bibliothèque
nationale du Canada, janvier 2001
Version intégrale (janvier 2001, version .pdf) :
Versions par chapitre (janvier 2001, versions
.pdf) :
7.3 Commanditaires
de la diffusion
La diffusion gratuite de ce document à été
réalisable grâce à la contribution financière
des commanditaires suivants:
Ministère de la Recherche, de la Science et de
la Technologie (MRST);
Faculté de médecine de l'Université
de Montréal;
Fonds de la recherche en santé du Québec
(FRSQ);
Fédération des associations étudiantes
du campus de l’Université de Montréal;
Faculté des études supérieures de
l'Université de Montréal;
Caisse populaire Côte-des-Neiges.